La guerre froide des sables chauds du Sahara occidental


Traduit par Roberta Zobi “La guerra fredda delle calde sabbie del Sahara occidentale

Malgré les plusieurs similitudes, le Maroc et l’Algérie, frères de langue, histoire et traditions, affûtent les couteaux depuis plus de soixante ans au nom d’une hostilité dont les causes sont à chercher dans les tristement célèbres colonisations.


La rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat annoncée par l’Algérie le 24 août est l’escalade des tensions entre les deux pays maghrébins, qui ne cessent pas de jouer à des coups gauchers depuis des années. Le ministre algérien Ramdane Lamamra les appelle « actions hostiles » lorsqu’il pointe du doigt contre Rabat. La décision de l’Algérie sur la rupture des relations diplomatiques entre Alger et Rabat arrive le 24 août 2021 ; Rabat est accusée par le ministre des Affaires étrangères Ramdane Lamamra d’actions hostiles contre l’Algérie.

L’amitié avec Israël

Le 10 décembre 2020 le Maroc signait les Accords d’Abraham [1], avec lesquels il reconnaissait l’État d’Israël et ouvrait la voie à la normalisation des relations avec lui. En signant les Accords, les l’États-Unis reconnaissaient la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental et soutenaient le développement économique du pays ainsi que sur le territoire du Sahara occidental – ouvrant ainsi, à Dakhla, un consulat pour promouvoir l’économie.
Quant aux relations entre les deux États, Israël et Maroc, ils s’engageaient à autoriser des vols directs entre Maroc et Israël et à accorder le droit de survol, à reprendre des contacts officiels et établir des relations diplomatiques complètes, promouvoir une coopération économique bilatérale, poursuivre la coopération du commerce, de la finance, de l’investissements, de la technologie, de l’aviation civile et ainsi de suite.
Cela n’est évidemment pas bien vu par Alger qui, dès le début, a à cœur la question de la Palestine et, de son côté, ne supporte certainement pas l’ingérence de Tel Aviv dans les intérêts de l’Afrique du Nord, dans son « salon. »

Le Sahara Occidental à tout prix

Toutefois, il convient de souligner que la souveraineté du Sahara occidental reconnue au Maroc par les Accords, viole une sentence de la Cour Internationale de Justice de 1975.

Pourquoi ?

Le Sahara occidental ne faisait pas partie des colonies françaises comme le Maroc et la Mauritanie, mais de celle espagnole et donc, quand les pays à peine mentionnés se sont rendus indépendants, la dispute a éclaté sur qui des deux devait s’annexer le Sahara occidental. Dans les arrières commencent à naître des mouvements indépendantistes sahraouis qui conduiront à la formation, dans les années 70’, du Front Polisario, qui trouvera et toujours trouve le soutien du géant algérien. Plusieurs fois, la question est portée sous le nez des Nations Unis jusqu’à ce que, finalement, la cour institutionnel décide : Il n’y a aucun lien territorial ou historique entre le Maroc et le Sahara occidental comme entre la Mauritanie et le Sahara occidental. Le peuple sahraoui avait donc droit à l’autodétermination.  

Fermeture de l’espace aérien

L’une de conséquences de la rupture des relations diplomatiques est la fermeture des avions maroquins, mais aussi civils. La fermeture annoncée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, en marge d’une réunion de l’Haute Conseil de sécurité, a declaré le gouvernement marocain au quotidien Al-Araby al-Jadeed[2] « ce n’était pas une surprise pour Rabat, car il s’inscrit dans le cadre de la logique d’escalade adoptée par les autorités du voisin oriental ces dernières semaines ».
Le 19 août Tebboune avait accusé le Maroc et « son allié, l’entité sioniste » – découverte que le Maroc utilisait le logiciel israélien Pegasus pour espionner les fonctionnaires et les citoyens algériens – de mener actions hostiles dans le pays, soutenant le MAK (mouvement séparatiste pour l’Autonomie de la Kabylie) qui lutte pour le droit à l’autodétermination de la région de la Kabylie, région algérienne à majorité berbère à l’est de Alger.
Le MAK lui-même, classé comme un groupe terroriste avec le mouvement islamiste Rachad, ont été identifiés comme responsables des incendies dans le nord du pays, faisant 90 morts, et de la mort par lynchage de Djamel Bensmaïl.
La réaction immédiat de Rabat : « La décision de l’Algérie d’interrompre les relations diplomatiques avec le Maroc est totalement injustifiée », affirme le gouvernement en rejetant « les prétextes fallacieux, et absurdes, qui en sont à la base ».[3] Reporte La Repubblica.

Arrêt des livraisons de gaz

Les conséquences ne s’arrêtent pas aux espaces aériens, mais ils arrivent aussi aux ressources électriques. L’Algérie étouffe le contrat qui la lie à Rabat à travers le « Maghreb-Europe Gas Pipeline » (MEG), gazoduc qui relie l’Algérie et arrive jusqu’à l’Espagne en passant par le Maroc. Pour l’Espagne, cela représente une interruption importante de 6 milliards de mètres cubes de gaz. Enagas nous dit que l’Algérie a fourni en 2021 le 47% du gaz importé d’Espagne, soit 15 milliards de mètres cubes. En tout cas, Alger ne cessera pas de fournir gaz à l’Espagne, mais s’engagera à garantir les livraisons de gaz, même avec une probable extension des capacités de Medgaz. « Medgaz peut s’occuper de toutes les livraisons grâce à la capacité prévue de 10,5 milliards de m3 par an, mais en compensant le différentiel avec les livraisons de GNL », a souligné Attar dans une entrevue à APS [4].  

L’économiste marocain Driss Elfina a souligné que la décision algérienne est destinée uniquement à la consommation intérieure pour démontrer que l’interruption des relations diplomatiques ne sera pas sans conséquences économiques pour le Maroc. Il a souligné que « le Maroc reçoit des fournitures de gaz de plusieurs pays, principalement Etats-Unis, l’Espagne et la Norvège ». Rapporte The Arab Weekly [5]

Attention aux dattes algériennes !

Le Ramadan est très proche et les maroquins ne veulent pas rompre le jeûne le soir avec des dattes algériennes radioactives. Oui, il peut sembler une exagération, mais au Maroc les activistes demandent le boycottage des dattes algériennes. En fait, les dattes algériennes sont cultivées dans le Sahara entre Biskra et Adrar, à des centaines de kilomètres de la région de Reggane où la France a effectué des essais nucléaires dans les années 60’ pendant la colonisation, en particulier l’explosion de la bombe connue sous le nom Blue Jerboa.

Cela pousse le consommateur à chercher des dattes Made in Morocco plutôt que des produits algériens. « De sa part, les médias algériens ont réagi à la campagne de boycottage en cours en disant qu’elle est motivée par le conflit politique entre les deux pays, une accusation affirmée au moins par certains des boycotteurs à cause de la position de l’Algérie sur le Sahara occidental, un territoire disputé où le Maroc revendique la souveraineté depuis 1975 ».

Rapporte The new Arab. Il semble clair, que tant que la question du Sahara ne sera pas résolue, les deux pays continueront à se trémousser en essayant de se gêner le plus possible.


Notes

[1]https://www.treccani.it/magazine/atlante/geopolitica/Gli_Accordi_di_Abramo_un_anno_dopo.html
[2] https://www.alaraby.co.uk/politics/إغلاق-الأجواء-الجزائرية-أمام-الطيران-المغربي-يثير-استياء-واسعاً
[3]https://www.repubblica.it/esteri/2021/08/25/news/l_algeria_interrompe_i_legami_diplomatici_con_il_rivale_marocco-315216818/
[4] https://www-aps-dz.translate.goog/economie/129749-exportation-de-gaz-vers-l-espagne-exclusivement-via-medgaz-l-algerie-techniquement-capable?_x_tr_sl=fr&_x_tr_tl=it&_x_tr_hl=it&_x_tr_pto=wapp
[5] https://thearabweekly.com/new-escalation-algeria-stop-supplying-gas-spain-morocco


Photo: Drapeaux du Maroc et de l’Algérie, les pays sont en conflit d’influence au Sahara Occidental