Elections législatives en France : les conséquences d’une majorité relative pour Macron


Il a obtenu la présidence, mais aura-t-il le pouvoir ? Il y a cinq ans, la coalition à faveur du Président Emmanuel Macron a obtenu une majorité écrasante. Deux mois après la confirmation à l’Elisée, pour lui est arrivée la plus brulante des défaites. Giacomo Marchetti, journaliste free-lance et chercheur indépendant, et auteur du livre « La Francia tra Macron e Mélenchon. La sfida di France Insoumise » (La France entre Macron et Mélenchon. Le défi de France Insoumise) nous guide à travers les scénarios possibles en suite aux élections pour le renouvellement de l’Assemblée nationale.


écrit par Domenico Sorrentino et traduit par Roberta Zobi

Les électeurs français ont refusé au Président Emmanuel Macron une majorité au sein de l’Assemblée nationale après le second tour des élections législatives du dimanche 19 juin, tandis que la gauche et l’extrême droite ont fait des progrès significatifs. Un effondrement au-delà de toute attente pour le Président qu’avant le vote avait demandé aux français une majorité « forte et claire pour une France vraiment européenne ». L’objectif des 289 que Macron poursuivait pour s’assurer la majorité absolue s’est pulvérisé. Maintenant, pour gouverner, le président devra chercher des alliés au Parlement, mais lesquels?
Gouverner la France sera un rebus et sans surprise la nouvelle première Elisabeth Thorne a commenté les résultats en parlant de « situations sans précédents » et « risque pour le pays ». Avec qui gouvernera-t-il Macron ? Comment va-t-il à restructurer son gouvernement décimé de ce second tour ? Le Président aura la vie dure pour dialoguer sur les reformes avec les autres forces politiques qui ont faits de l’anti-macronisme leur emprunte principale. Giacomo Marchetti, journaliste free-lance et chercheur indépendant, et auteur du livre «La Francia tra Macron e Mélenchon. La sfida di France Insoumise» nous guide à travers les scénarios possibles en suite aux élections pour le renouvellement de l’Assemblée Nationale.

Le second tour des élections législatives françaises a marqué une défaite pour Emmanuel Macron et sa coalition Ensemble!, qui a perdu la majorité absolue (289 sièges) au sein de l’Assemblée Nationale, tout en conservant une majorité relative avec le 38.6% (245 sièges). Lors d’une interview à la suite d’un sommet du Conseil européen, Macron a comparé la situation politique français à celle de pays comme l’Allemagne et l’Italie. Quel est actuellement le scénario le plus plausible entre une coalition gouvernementale et un soutien au cas par cas sur la base des projets de loi ?

« Actuellement c’est l’impasse pure et simple. LR, c’est-à-dire les gaullistes, par leur porte-parole se sont déclarés indisponibles à former une majorité avec Macron, bien qu’ils en partagent l’orientation globale. Certaines personnalités importantes de la galaxie macroniste ont même fait des avances au RD de Le Pen pour collaborer sur certains sujets. Le scénario est vraiment inédit et les rappels à l’esprit de l’unité nationale sont tombé dans la vide »

La coalition de gauche Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), dirigée par Jean-Luc Mélenchon arrive deuxième avec le 31.6% des voix (131 sièges) et émerge comme la principale opposition au gouvernement. Elle pourrait gagner des sièges stratégiques tels que le Ministère de la transition écologique et du développement régional. Cependant, la coalition semble divisée en son sein avec les différents partis qui ne sont pas parvenus à un accord sur des questions tels que les affaires étrangères, l’OTAN et la laïcité. Quel rôle joueront-ils dans le nouveau gouvernement ?

« Il ne joueront aucun rôle dans le gouvernement parce qu’ils n’y entreront jamais, mais ils pourraient remplir d’importantes fonctionnes parlementaires qui reviennent à l’opposition et les chiffres leur donnent des possibilités inédites par rapport au quinquennat précèdent où la gauche était « en ordre dispersé » même si elle a collaboré sur plusieurs questions. En ce qui concerne les 650 propositions du programme commun, il existe des divergences selon lesquelles les différents groupes parlementaires qui composent la formation du NUPES (LFI, « pole écologiste », PS et PCF) pourront faire leurs propres propositions sans renoncer à leur orientation.

Le Rassemblement National dirigé par Marine Le Pen atteint 17.3%, remportant environ 80 députés, en devenant le premier parti d’opposition au gouvernement Macron – en dépassant même celui de Mélenchon. Il s’agit du plus grand nombre d’élus de son historie parlementaire, en disposant désormais d’un nombre suffisant de sièges pour former un groupe parlementaire. Peut-on dire que cette donnée consolide sa position au sein de la droite française et dans l’optique d’une future présidence de la République ?

«On peut dire que lil RN a « vaincu » les deux formations à sa droite, y compris « le météore» Zemmour, consolide et élargit son «sabot dur» d’électeurs et d’électrices et pourra intervenir avec un autre poids sur toute une série de questions qui l’ont caractérisée et qui ont été «dédouanées» au cours de cette année. Par rapport aux présidentielles, elles sont plutôt éloignées et ça serait la troisième fois que Le Pen concourrait pour ce poste…»

Les Républicains (LR) ont subi une grande défaite lors de ces élections, ne confirmant que 61 députés. En son sein, des voix discordants en ce qui concerne la participation à une coalition gouvernementale ou le fait de se limiter à un soutien au cas pour cas. Plusieurs commentateurs affirment que les républicains pourraient être décisifs pour mettre en place un pacte de gouvernement. Quelle sera la stratégie de Macron à leur égard ?

«Le LR récupèrent le flop du premier tour des présidentielles, où ils n’avaient pas atteint le 5% mais ils sont constamment en déclin, en considérant qu’ils étaient le premier parti de l’opposition au cours du quinquennat précèdent et que le gaullisme était au pouvoir avec Sarkozy, qui est maintenant du coté de Macron. Le président les courtisera mais s’attacher à lui peut lui couter la décoloration».

La véritable donnée préoccupant à la suite de ces élections est celui de l’abstention – le plus grand parti en France – qui, dès le premier tour, a atteint le record de 52,49%. Le taux de participation a également été très faible au deuxième tour de ces élections législatives : 46.23%. Pensez-vous que cette tendance a favorisé Macron par rapport à Mélenchon ou Le Pen ?
«Il a favorisé Macron, parce que celui qui ne vote pas n’est ni une quête ni un champion de l’antipolitique. Il a une conscience critique qui n’est pas satisfaite par l’offre politique, et dans une mesure non négligeable, il est actif dans les mouvements sociaux. Il y a une désillusion profonde parmi les classes populaires sur les mécanismes démocratiques en France que même les deux “extrêmes” ne parviennent pas à canaliser.».

Les élections législatives à l’Assemblée nationale ont eu lieu quelques semaines avant la fin de la présidence française du Conseil de l’Union européenne – 31 juin. Pensez-vous que Macron en sortira affaibli par rapport aux principaux dirigeants européens, dont Mario Draghi, compte tenu des succès et des défaites remportés par sa présidence de l’UE au cours des six derniers mois ?

«Macron s’en sort avec des os cassés. Comment peut jouir d’un prestige international celui qui ne peut pas gouverner chez lui et qui a été réélu seulement parce qu’à le défier il y avait une candidate d’extrême droite qui de toute façon a pris plus de 40% des voix…».


Photo: élections législatives Macron